Au niveau mondial, selon létude, les investissements privés dans les secteurs de léolien, du solaire, de la biomasse/des déchets, des petites centrales hydroélectriques, de la géothermie et de la mer, atteindront jusquà 2.300 milliards de dollars. Ce qui équivaut à injecter la totalité du PIB du Royaume-Uni dans léconomie mondiale. Et signifierait au sein du G20, la mise en place de 1.180 gigawatts dénergies propres, soit près de quatre fois les installations dénergies renouvelables actuelles. Létude, fondée sur des données de Bloomberg New Energy Finance, distingue trois scénarios, selon le degré de volontarisme des politiques publiques, "la" condition pour que le privé suive : la poursuite de la tendance actuelle, scénario le moins dynamique ; lapplication des engagements de Copenhague, un rythme plus soutenu ; le renforcement des politiques en faveur des énergies propres, le cas de figure le plus actif.
Car tout dépend de laction publique, estime le Pew : "Les pays qui souhaitent maximiser les investissements privés, stimuler la création demplois, dynamiser la production et saisir les opportunités dexportation devraient renforcer leurs politiques en matière dénergie propre, » a déclaré Phyllis Cuttino, directrice du programme Climat et Énergie du Pew.
Par an, dans lensemble des pays du G20, les investissements grimperont jusquà 337 milliards de dollars en 2020 (+161 % par rapport à 2010). Au sein du G20, lAsie sera en tête : la Chine, lInde, le Japon et la Corée du Sud devraient représenter ensemble environ 40 % des investissements privés dans les énergies propre en 2020. La Chine attirera, à elle seule, jusquà 620 milliards de dollars, lInde 169 milliards, au 4ème rang mondial grâce à son action volontaire. Elle nétait que 10ème en 2009.
Les États-Unis, sils adoptent une politique rigoureuse en matière dénergie, attireront 342 milliards de dollars sur 10 ans, mais seulement 245 milliards sur la tendance actuelle. Par an, dans le scénario élevé, le montant sélèverait à 53 milliards en 2020 (+237 % sur 2010).
Bien moins en tout cas que lUnion européenne qui, dans le scénario le meilleur, attirera 705 milliards de dollars dinvestissement privés dans ce secteur, avec 85 milliards par an en 2020. Lajout de capacités de production dénergies renouvelables pourrait dépasser 177 gigawatts par an dici 2020, avec sur 10 ans 1.180 gigawatts dans le monde, ce qui équivaudrait à multiplier par quatre les capacités de production dénergie propre actuelles.
Lénergie éolienne devrait être le principal bénéficiaire des financements, avec environ 50 % du total, atteignant 190 milliards de dollars annuels en 2010 (+222 % sur 2010). Un secteur tiré par la Chine, qui y misera la moitié de ses investissements. Mais léolien représente aussi plus de 60 % des investissements en Allemagne, France, Canada, Etats-Unis et Grande-Bretagne. Le solaire, n°2, est moins actif puisque, selon le scénario, les investissements annuels resteront stables ou croîtront de 53 % sur 2010. Puis, dans lordre, la biomasse, la géothermie, les déchets et les petites centrales hydroélectriques.
Dans lUE, tous les pays ne seront pas pareillement gagnants : en tête, lAllemagne (208 milliards de dollars sur la prochaine décennie), suivie du Royaume-Uni (134 milliards) et de lItalie (90 milliards de dollars), surtout dans le solaire. En en 4ème position seulement, loin derrière lItalie, la France avec 57 milliards de dollars sur 10 ans. Ce qui permettrait linstallation de 29 GW de capacité de production dénergies renouvelables, qui seront essentiellement des parcs éoliens.
Pourquoi ? Dabord à cause de la prépondérance de lénergie nucléaire, qui laisse moins de place à la croissance des énergies renouvelables. « En conséquence, même dans le cadre du scénario de politiques renforcées, linvestissement privé dans les énergies propres en France devrait augmenter dà peine 50 %. Dans le cadre des politiques actuelles et de Copenhague, linvestissement dans les énergies propres en France devrait rester stable au cours de la décennie à venir », selon létude.
« Toute capacité dénergie nucléaire qui ferme sera probablement remplacée par davantage de nucléaire ; certains moyens de production de charbon devront être remplacés dans les dix prochaines années, laissant quelques possibilités de croissance aux énergies renouvelables. Sur les 6,3 milliards de dollars dinvestissements annuels dans les énergies renouvelables en France en 2020 (scénario haut), 5 milliards de dollars seront consacrés à léolien », note létude.
Selon le Pew, la France a obtenu 1,8 milliards de dollars dinvestissements dans les énergies propres en 2009, avec un taux de croissance moyen de 98 % dans ce domaine sur les cinq dernières années. Elle a installé 3,4 GW déolien et a un fort potentiel photovoltaïque. Le gouvernement vise 10 % délectricité à partir dénergies renouvelables dici fin 2010, adhère au marché du carbone de lUE et sest engagé à Copenhague à réduire ses émissions jusquà 30 % par rapport à 1990.
Mais elle souffre de trois défauts : des politiques « incohérentes » avec des règles qui changent sans cesse, une bureaucratie omniprésente et des contraintes administratives, et enfin un système électrique trop centralisé. Pour accroître rapidement ses capacités, la France doit remettre en question son système centralisé de lénergie ou développer de nouveaux processus dinterconnexion.
En savoir plus
decrypterlenergie.org
negawatt.org
projet afterres